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Page:Pelletier - La Femme en lutte pour ses droits, 1908.djvu/21

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la femme en lutte pour ses droits

sième République. À Sèvres et à Fontenay on travaille, certes ; il le faut bien, car les places de professeurs sont limitées ; pour les acquérir il faut non seulement savoir, mais savoir plus que les concurrentes. Mais dans le cœur de chacune des élèves, le désir primant tous les autres est de n’avoir plus à travailler. Que dit en effet la rigide directrice aux bandeaux corrects, au chapeau à larges brides comme un bonnet de grand’mère ! Avant tout, la femme doit rester femme ; si elle apprend les sciences, ce n’est pas pour être un savant ; si elle sait sa langue, ce n’est pas pour être un littérateur ; les femmes qui se sont fait un nom en écrivant des livres sont sorties de leur sexe ; et, véritables monstruosités, le génie même ne peut leur servir d’excuse. Le seul rôle de la femme c’est d’être épouse et mère et si on orne son esprit de connaissances variées, c’est uniquement pour qu’elle puisse être une compagne plus agréable de celui qui la choisira. Naturellement l’élève renchérit encore, ou plutôt, elle complète la pensée de sa maîtresse. Son rôle est d’être la femme de quelqu’un ; et au lieu de coudre des layettes, elle doit ingérer des livres de physique, de chimie, assister à des cours, faire des dissertations. C’est que, dans