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Page:Pelletier - La Femme en lutte pour ses droits, 1908.djvu/23

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la femme en lutte pour ses droits

vant illustre, littérateur de génie et, sous l’impulsion de ces dynamogènes, il se met avec ardeur au travail. C’est l’âge aussi de la liberté sexuelle comme de la liberté en général ; dans son grenier, Jacques Vingtras se sent avec volupté pour la première fois « chez lui ». Pour la jeune fille, rien de pareil ; la dix-huitième année n’est que la suite des années précédentes et, jusqu’au mariage, c’est la vie morne chez les parents. Parfois, tant que duraient les études, l’existence lui offrait de l’intérêt, il y avait les prix à conquérir, les places à gagner et malgré elle la poursuite de ces buts prochains lui donnait l’illusion d’un but plus éloigné en même temps que plus important ; lorsqu’on travaille, on en arrive toujours à croire travailler pour quelque chose. Mais les classes achevées, tout s’écroule ; c’est l’instruction des garçons qui a un but, l’enseignement des filles n’en a pas. Continuer d’apprendre, à quoi bon ! elle en sait assez, elle n’a plus rien à faire qu’à attendre… le mari ; et elle le trouve déjà bien long à venir.

Aussi avec quelle joie accueille-t-elle le frère « bon garçon » qui veut bien lui apporter un peu de cette vie extérieure dont on la sèvre. Elle boit ses paroles, accorde une créance absolue aux plus grossières vantardi-