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Page:Pelletier - La Femme en lutte pour ses droits, 1908.djvu/38

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la femme en lutte pour ses droits

une seule. Quant aux prévenances elles se cristallisent, elles aussi, et elles forment le code tacite de la galanterie à laquelle tiennent encore certaines féministes sans réfléchir qu’elle n’est que la prérogative d’une royauté honteuse.

Ainsi l’homme pare de chaînes dorées la femme qu’il aime, seulement il ne l’aime en général qu’un temps assez court ; l’amour comme tout les plaisirs exigeant la variété. La passion éteinte, l’homme reproche cruellement à sa compagne le bien qu’il lui fait. Si la femme n’est qu’une maîtresse, il la délaisse le plus souvent pour aller à d’autres amours ; si elle est épouse, il reste forcément auprès d’elle, mais il se venge de la tyrannie du mariage en se montrant mesquin, despotique et cruel.

Les femmes sentent alors vivement la dureté de leur condition, mais la plupart d’entre elles trop peu instruites ou trop inintelligentes sont incapables de comprendre les raisons générales de leur peine et se contentent d’incriminer le mauvais mari ou le lâche amant. Certaines en viennent bien à déplorer le malheur d’être femme, mais elles le font comme s’il s’agissait de misères départies à leur sexe par des lois inéluctables que rien ne peut changer.