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Page:Pelletier - La Femme en lutte pour ses droits, 1908.djvu/58

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la femme en lutte pour ses droits

voir dans les fonctions directrices de l’État la récompense d’efforts donnés au progrès social ; quant à la masse elle-même, au prolétariat féminin, il en bénéficierait aussi et dans une grande mesure ; les ouvrières apprendraient vite des hommes et des femmes politiques dont leurs votes auraient fait la situation, les moyens de s’organiser pour lutter avec fruit contre les classes dirigeantes.

Mais le suffrage universel ne fera pas qu’améliorer la situation matérielle des femmes, il contribuera dans une grande mesure à leur élévation intellectuelle et morale. Les lois de l’esprit humain veulent que les conditions sociales forment les mentalités. Infériorisée la femme se croit inférieure et l’est de ce fait-même ; élevée à la condition de citoyenne, sa dignité personnelle y gagnera d’autant. Revêtez un homme inculte et grossier de l’habit de l’homme du monde ; immédiatement il s’observe et se hausse jusqu’à un rang supérieur ; donnez à une femme, même inférieure, droit de vote, elle cessera de se croire uniquement une femelle et se sentira un individu.

La question du vote des femmes a fait, depuis ces vingt dernières années, de grands