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Page:Pelletier - La Femme en lutte pour ses droits, 1908.djvu/65

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la femme en lutte pour ses droits

tion n’arrache aux ouvriers parisiens aucun cri d’indignation et les inspecteurs de police ne notent rien qui dénote, chez les spoliés, un mouvement, je ne dis pas de colère, mais de déplaisir[1]. »

On voit que les hommes du peuple d’alors étaient absolument dans le même état d’esprit que la masse des femmes d’aujourd’hui.

Mais pour nous placer au vrai point de vue de la justice, est-il permis à des hommes qui prétendent vouloir émanciper l’humanité, de refuser à un sexe son émancipation sous le prétexte que seule une minorité la demande ? Le vote étant un droit, tout le monde doit le posséder ; libre ensuite à chacun d’en user s’il le désire.

D’ailleurs affirmer a priori que les femmes ne voteront pas est faire preuve de courte vue. Croit-on que les candidats dédaigneront les voix féminines ? Moi je vois, au contraire, dans le candidat le principal agent de l’émancipation politique des femmes. C’est lui qui, par intérêt personnel, leur persuaderont qu’elles doivent voter, que la politique est tout autant leur affaire que l’affaire des hommes. Au début, elles voteront elles aussi par intérêt, pour un

  1. Aulard. La réaction thermidorienne à Paris.