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manité ; la guerre vient d’en haut et non d’en bas. Ce sont les dirigeants qui la préparent et qui la font dans leur intérêt personnel.

Rarement ils en supportent les conséquences dangereuses. Les gouvernants, sous le prétexte de pouvoir travailler aux affaires de l’État, en réalité pour sauvegarder leurs précieuses personnes, transportent le gouvernement en un Bordeaux lointain. Les généraux meurent à peu près tous dans leurs lits, comblés d’honneurs et d’années. Les millions de morts de la grande guerre sont, pour les quatre-vingts centièmes des ouvriers et des paysans. Les bourgeois tués l’ont été le plus souvent par hasard ; enthousiasme fou du début (normaliens) ou circonstances spéciales. Tout ce qui avait de l’argent et des influences, l’un va avec l’autre, se faisait embusquer à des titres divers ; qui n’a pas une petite maladie ! On a donné en faveur des bourgeois droit de cité au nervosisme, c’est-à-dire à la peur. L’officier pouvait se faire mettre à l’arrière parce qu’il avait un état nerveux. Mais, naturellement, le brave paysan, soldat de deuxième classe, n’avait jamais d’état nerveux.



IV


On a rapproché l’instinct guerrier de l’instinct de propriété, là encore on parle pour un lointain passé. Le propriétaire d’une hutte, d’un troupeau, de peaux de bêtes, tenait à conserver ses biens et il était prêt à se battre contre qui venait les lui prendre. Qu’a l’homme d’aujourd’hui à défendre ? Au cas même où la défaite a pour conséquence des annexions, les propriétaires ne sont jamais lésés ; ils conservent leur avoir ; seul le maître lointain n’est plus le même et parfois le propriétaire gagne au change, comme les