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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/101

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en russie communiste

rade. Vous avez souffert, vous avez tremblé à l’idée de la mort que vous croyiez proche ; c’est une bonne leçon de révolution ! ».

Des leçons de révolution je commence à croire qu’il m’en faudrait toute une série. Je suis à Moscou comme sur un volcan et je ne sais pas où mettre le pied. J’ai peur d’être victime de cette extraordinaire indifférence qui semble bien être le fond de l’âme russe ; indépendamment de tout régime. Je m’attendais à être entourée de bonne camaraderie ; personne n’a l’air seulement de se douter que j’existe. Si, je me trompe, il y a des gens qui s’intéressent à moi : les quelques anarchistes qui sont restés après le Congrès et ils ont changé en effroi mon désappointement.

Ils me racontent des histoires terribles de la W. Tchéka ou Commission extraordinaire : arrestations, exécutions sans jugement, dans une cave.

« Soyez extrêmement prudente, me disent ils ; l’hôtel est plein d’espions. On tâchera de vous faire parler pour connaître votre pensée véritable. Certainement, quelque policier est attaché à vous surveiller ; peut-être habite-t-il une chambre contiguë, à la vôtre ; peut-être des microphones sont-ils placés dans les meubles pour enregistrer les conversations. »

Si j’étais à Paris, j’appellerais cela un délire des persécutions ; à Moscou, ce n’est pas la même chose, mais tout de même les camarades exagèrent.