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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/108

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mon voyage aventureux

sance de la langue russe pour porter mes doléances à la bonne.

Balchoia Krissa ! (un grand rat), dans ma chambre…

Elle éclate de rire. Un grand rat, en voilà une affaire, faut-il que ces étrangères soient mijaurées ! Des grands rats ; il y en a plein la maison, nitchévo (cela ne fait rien).

Il faut me résigner à vivre dans la société de ce rat bolchevik ; pour le bien disposer en ma faveur, je lui donne à manger dans son trou.

Me voilà donc entretenue aux frais de la République des Soviets ; on me loge, on me nourrit, on me blanchirait si j’avais du linge, car il y a une blanchisseuse dans l’hôtel ; mais à part cela on ne s’occupe pas plus de moi que si je n’existais pas.

Je ne suis cependant pas venue à Moscou en villégiature ; je voudrais bien voir les institutions soviétiques. Il paraît que je viens trop tard. Pendant le Congrès, un service spécial s’occupait de montrer aux délégués les institutions bolchevistes. Les délégués sont partis, le service est désorganisé ; les gens qui l’assuraient sont occupés à autre chose. Débrouillez-vous !

Me débrouiller, je ne sais pas la langue : je lis mal le nom des rues et je m’égare. Pour trouver une maison, je dois y aller trois ou quatre fois. Je suis brisée de fatigue tous les soirs, à marcher à pied sur des pavés pointus. Il n’y a presque pas