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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/113

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en russie communiste

les couronnes chargées de joyaux de toute une lignées de tsars.

Mais, de ces richesses il ne profite pas. Il dédaigne les appartements splendides et c’est d’un cabinet de travail modeste que le conspirateur Lénine préside aux destinées de la Russie. Un pas en avant a été fait, les enthousiastes ne sont pas morts en vain.

Je commence à m’orienter dans Moscou et je vais voir l’Université. Elle n’est pas très loin de chez moi ; on descend la Tverskaïa jusqu’à la petite place où se trouve un sanctuaire minuscule. On vient là, paraît-il, de toute la Russie, se prosterner et baiser la crasse des carreaux. En face, sur le mur d’un monument de briques rouges, ressort en lettres blanches la fameuse inscription : « La religion est l’opium des peuples ». Personne ne regarde cette inscription qui a fait, cependant, tant de bruit dans le monde entier. On m’a assuré que le gros des moujicks n’en comprend même pas le sens et prendrait volontiers « opium » pour un saint nouveau. Je tourne à droite et longue un jardin en bordure du Kremlin. Au bout de l’avenue est une bâtisse toute blanche que surmonte une sorte de belvédère à colonnes ; c’est l’Université.

À qui m’adresser, je ne sais pas ; il n’y a pas de concierge. Je compte aviser la première personne que je rencontrerai, mais j’hésite. D’ordinaire, les Moscovites ne renseignent pas volontiers les gens,