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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/150

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mon voyage aventureux

politique n’a pas de cœur, elle n’a que de la tête ».

Je sais d’ailleurs que les « camarades » ne sont pas toujours impartiaux. Volontiers, ils négligent de signaler les prétendus anarchistes condamnés à mort et fusillés pour des crimes de droit commun. Ils ne sont pas en contradiction avec eux-mêmes, car ils n’admettent pas la répression des délits et des crimes. Mais où irait-on si on les suivait jusque là ? À l’état sauvage par les voies les plus directes.

À défaut de l’anarchie, les camarades français voudraient que j’attrape à Moscou la maladie infantile du communisme. C’est ainsi, on le sait, que Lénine désigne le communisme de gauche. Ils comptent sur Alexandra Kollontaï le chef des communistes de gauche, pour me la donner.

Je vais voir Mme Kollontaï, ce sera d’ailleurs la seule personnalité que je verrai à Moscou. C’est une femme élégante, qui a dû être belle, et qui est encore fort bien conservée. Elle me dit assez peu de choses : bien que j’aie pu la voir plusieurs fois. Elle semble redouter de parler de questions politiques, parce qu’il y a toujours quelqu’un là. Tout ce que j’apprends d’elle, c’est que les bolchevistes ont eu tort de ne pas faire assez confiance à la classe ouvrière : mieux aurait valu confier aux syndicats et aux coopératives la solution des problèmes économiques. Elle me dit que le commu-