Aller au contenu

Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
8
mon voyage aventureux

Cependant, je dois subir dans les rues de Mulhouse la curiosité des passants. L’esclavage de la femme est encore à tel point enraciné dans les mœurs qu’on n’admet guère qu’une femme puisse voyager seule.

Et, à cet égard, la guerre a fait singulièrement reculer la civilisation ; en raréfiant les étrangers, elle a fait que l’on traite en suspect quiconque se hasarde hors de sa ville.

Si j’avais mon passeport dans ma poche, je me soucierais peu des regards ; mais dans les conditions où je suis, ils me gênent sensiblement. J’ai hâte de regagner la gare où on a plus de liberté.

À Saint-Louis, nouveau contre-temps J’ai donné rendez-vous pour huit heures à l’homme qui doit me faire passer la frontière : il n’est que quatre heures, j’ai pris un chemin plus court. L’homme que je ne connais pas, m’a averti qu’il porterait une fleur à la boutonnière. Justement, un homme attend devant la gare. Sa boutonnière est fleurie ; c’est lui, sans doute. Il a deviné que j’arriverais plus tôt. Je vais vers l’homme, mais il ne sait pas ce que je veux dire.

Mon correspondant m’a indiqué un hôtel. Cet hôtel est au bout de la ville et pas de voitures. Je me décide à y aller à pied, portant mes deux lourdes valises. Sur mon passage, des enfants m’injurient en allemand.