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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/161

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en russie communiste

scandale. On raconte à leur sujet la plaisante anecdote suivante :

Une longue queue, comme on en voit beaucoup à Moscou, stationnait devant un bureau où l’on donnait des cartes de paioc. Les gens attendaient là depuis des heures lorsqu’une jolie jeune femme de mise élégante, chaussée de magnifiques souliers jaunes à talons de 18 centimètres, passe hardiment devant la file des expectants. Elle laisse tomber sur eux un regard méprisant et pénètre d’autorité dans l’édifice. Elle en ressort bientôt, tenant sa carte à la main.

Un pope, qui stationnait là depuis longtemps s’étonne de l’injustice criante ; il demande à ses voisins comment il se fait que la dame puisse être ainsi privilégiée.

— Ce n’est pas étonnant, lui dit-on ; c’est une sodkom. Le pope n’est guère mieux renseigné, mais c’est un homme avisé et il se dit en lui-même : « S’il suffit d’être sodkom pour passer tout de suite ; je vais dire que je le suis. »

Le voilà qui sort du rang, entre dans l’édifice et dit au fonctionnaire qui distribue les paiocs : « J’ai le droit d’être servi de suite, je suis « sodkom ».

L’employé, scandalisé, au lieu de faire droit à la demande du pope, appelle un agent de la tchéka et le fait conduire en prison sous l’inculpation de sodomie.