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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/163

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en russie communiste

C’est fâcheux, mais on ne fait pas de progrès sans léser quelqu’un. Dans l’ensemble, la liberté sexuelle est une bonne chose, elle affranchira la femme.

Pas d’émancipation réelle pour la femme tant qu’elle recherchera dans l’homme le soutien de sa vie. Elle ne devient vraiment libre et responsable que lorsqu’elle doit travailler pour vivre. Et les enfants ? L’avenir, c’est l’éducation par l’État. En attendant, la mère a droit à une allocation, ainsi qu’à une réduction du temps de travail.

J’assiste à la première séance du « Congrès des Jeunesses ».

Les membres s’y rendent en groupes ; jeunes gens et jeunes filles, au pas militaire. Quatre ou cinq mille personnes environ dans la salle. Tout le monde est très mal habillé, mais fort gai. On ne dirait pas que toute cette jeunesse mange du pain noir et pas grand’chose avec ; ils n’ont pas l’air de souffrir, ils rient et chantent en attendant l’ouverture de la séance.

Pas une femme sur l’estrade. Le président ouvre le congrès, puis Trotsky s’avance, soulevant dans l’assistance des tempêtes de bravos. Il parle de l’ultimatum de la Pologne et de la guerre qui menace. C’est la France, foyer des idées nouvelles autrefois et aujourd’hui boulevard de la réaction, qui excite la Pologne à faire la guerre à la Russie.