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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/167

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en russie communiste

Il y a soixante mille soldats, parmi lesquels, je l’ai dit, deux cent femmes, tous bien équipés : tunique kaki descendant jusqu’aux pieds, casque pointu en toile kaki, orné d’une toile soviétique en laine rouge. Pas de galons ; seuls le drap et la coupe des vêtements désignent les officiers supérieurs.

Devant le Kremlin on a aménagé une tribune pour les orateurs ; un délégué allemand, puis Trostky haranguent l’armée qui manifeste par des hourrahs son approbation.

Mes deux ex-fils que je rencontre là sont choqués de ce que cette armée ressemble aux autres. J’essaie de leur expliquer qu’il n’y a pas plusieurs façons de transformer une cohue en une force agissante. Un révolutionnaire doit préférer voir, au service de ses idées, l’armée qui marche à la victoire que la foule émeutière vouée à l’écrasement.

Le spectacle de Trostky acclamé par les soldats me rappelle des lectures ; je pense aux revues de Quintidi, de Bonaparte, sur la place du Carrousel. Le rapprochement n’est pas de nature à me choquer ; pourvu que Trostky reste dans les idées qui l’ont porté au pouvoir. Je n’ai pas le préjugé de la forme du Gouvernement une République peut être très réactionnaire : par exemple la République Française au moment où j’écris. Trostky a des qualités de conducteur d’hommes, parmi lesquelles une énergie et une activité rares ; et je ne