Aller au contenu

Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
180
mon voyage aventureux

de classe dominante. On chanta du classique et à la fin un comique dit des vers où on raillait les commissaires profiteurs ; malheureusement c’était en russe et je n’avais personne pour me traduire.

Une autre fois, j’ai grelotté pendant deux heures dans une salle glacée, à attendre un ballet annoncé pour huit heures et qui ne commença qu’à dix. Le public, lui, ne s’impatientait pas ; les gens bavardaient et riaient ; bah huit heures cela veut dire ce soir. Il faut être un occidental pour être constamment pendu à sa montre. Autant être ici qu’ailleurs, nitchévo !

Le ballet est très bien conçu et digne d’une meilleure scène. Le numéro le plus original est : la marche funèbre de Chopin. Un jeune homme dit d’abord des vers sur cette composition musicale, puis le rideau se lève. Au fond de la scène, une jeune fille, couchée sur un lit blanc, couvert de fleurs ; elle vient de mourir. Devant le lit une petite fille agenouillée prie ; à côté les parents en des attitudes de désespoir.

Au devant de la scène, le passé de joie ; jeunes filles et jeunes gens vêtus de blanc dansent des rondes. Mais la mort au visage affreux, à la robe sanglante arrive ; l’un après l’autre, les danseurs tombent à terre et elle les étrangle en grimaçant un rictus féroce.

Le public applaudit ce numéro, mais il ne le redemande pas ; il préfère des danses espagnoles