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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/202

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mon voyage aventureux

que je ne puis plus penser à autre chose. Toutes mes forces mentales sont employées à dissimuler sous une tranquillité apparente le trouble profond qui m’agite.

Enfin, à force de répétitions je finis par savoir ma leçon ; on est à X…, nous sortons de la gare et cherchons un hôtel.

Dans la rue mon compagnon me dit d’une voix d’outre tombe :

— Nous sommes un couple aimable !

— Quoi ? dis-je absolument abasourdie.

— Mais oui. Vous comprenez qu’il faut entrer dans les conceptions des hôteliers pour passer inaperçus. Les couples ; ils connaissent cela ; alors nous sommes un couple aimable et nous prenons une chambre à deux lits.

— Soit.

J’ai couché dans la chambre de tant de gens depuis mon départ de Paris, que je ne me formalise pas pour si peu. En Russie, d’ailleurs, de pareils détails n’ont aucune importance.

Nous avons trouvé un hôtel, mais il est mal tenu : La patronne n’en finit pas de trouver la clef de la chambre. Enfin nous pénétrons ; mais pour arriver à la chambre à deux lits il faut en traverser une autre. Un homme qui est monté derrière nous prend possession de cette chambre ; mon camarade me lance un regard terrible, je comprends.