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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/219

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en russie communiste

sacrifier au succès de ses idées des vies humaines.

Évidemment il faut être convaincu ; mais s’il n’y avait pas de temps à autre des personnes convaincues, jamais aucun progrès ne se ferait. Cet argument est la marque d’une paresse d’intelligence et de volonté qui n’est que trop répandue. On n’a que des demi-convictions ; on y tient peu, toute la vie est prise par le souci d’intérêts égoïstes, c’est pourquoi l’évolution sociale est si lente.

Évidemment il est toujours déplorable de sacrifier des hommes. Je crois que les Russes, s’ils l’avaient voulu, auraient pu par exemple déporter en Sibérie les contre-révolutionnaires ; mais il faut remarquer que l’objectif de Trotsky n’aurait pas été atteint, effrayer ; il s’agit avant tout d’effrayer et les ennemis du communisme ne l’auraient pas été suffisamment par l’envoi en Sibérie de quelques-uns de leurs camarades.

La dictature politique a le tort de léser la liberté de penser ; elle paralyse les cerveaux par la peur. Si bien intentionnés puissent être des gouvernants, il est nécessaire qu’ils soient critiqués, la critique est un stimulant sans lequel l’esprit est tenté de s’endormir.

Mais dans un bouleversement tel que celui de la Russie à l’heure actuelle, la dictature est indispensable. La liberté politique donnerait l’essor à tous les timorés, à tous les esprits empêtrés de préju-