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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/28

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mon voyage aventureux

allemand et je n’y comprends rien. Il n’y a pas à hésiter, il faut me renseigner auprès de quelqu’un malgré toute la crainte que cette démarche m’inspire.

J’appelle le garçon, mais il ne sait pas il va chercher le surveillant du hall. Les questions commencent, ce que justement j’appréhendais. Ah ! vous allez à Berlin ? Pourquoi faire ? De quel pays êtes-vous ? etc., etc. Je réponds que je suis de Genève et que je vais à Berlin voir ma sœur, mariée à un Allemand : — Ah bien, alors, on vient vous chercher, à quelle gare ? J’ignore le nom des gares de Berlin où je ne suis jamais allée. Je feins une grande inquiétude : comment faire, dis-je, j’ai oublié le nom de la gare. Mais l’employé est bien bon enfant, il veut m’aider. N’est-ce pas, dit-il, Friedrischsbanhof. Je saute sur ce nom. Ah oui, c’est cela. — Alors le train est à neuf heures, perron numéro trois, — grand merci — je donne deux marks à l’homme, il est enchanté, moi aussi.

J’arrive à Berlin à sept heures du matin ; toutes les boutiques sont fermées ; je vais au hasard par les rues. J’ai plusieurs adresses, mais ce sont des boutiques ou des bureaux, ils seront fermés aussi. Dans les rues on se retourne sur mon passage, mais ce n’est pas la malveillance de Francfort. Je sens qu’ici, en prenant des précautions, il me sera possible de me promener en ville. J’ai faim ; je me risque dans une crémerie-charcuterie comme il y