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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/45

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en russie communiste

Enfin je les vois entrer dans une maison, j’y pénètre à mon tour.

Nous sommes chez des ouvriers. L’homme, taillé en hercule, est vêtu d’un pantalon et d’un tricot déboutonné. Je ne vois que ses bras énormes et sa poitrine très large, qui est entièrement couverte de poils ; c’est un terrassier. La femme une grosse blonde, est déjà mère de cinq enfants. Je suis dans une sorte de chambre de réception proprement tenue, le logement accuse une certaine aisance. Les camarades qui m’ont amenée là me disent que j’y devrai rester plusieurs jours, parce qu’il faut un certain temps pour organiser le passage de la frontière. « Vous ne devez pas sortir, ajoutent-ils, vous seriez arrêtée, ici c’est plus dangereux qu’à Berlin ».

Mes conducteurs sont partis et me voilà seule avec mes nouveaux hôtes. La femme se met en devoir de verrouiller la porte et de fermer les double-rideaux. Elle me prépare un lit sur le canapé de cette sorte de salon : me sert un repas composé de saucisses et de tranches de boudin allemand.

Le ménage ne sait pas un mot de français, je ne puis échanger que quelques paroles. Comme il est tard, les époux se retirent dans leur chambre en me souhaitant une bonne nuit.

Malgré le bon accueil de mes hôtes, je me sens très mal chez eux. Leur logement n’est pas disposé