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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/47

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en russie communiste

parti du moindre point de vue. Mon compagnon trouve l’endroit enchanteur ; j’approuve par politesse : l’étang est petit, encaissé dans des maisons qui n’ont rien d’original. Je suis très triste ; voilà quinze jours que j’ai quitté Paris, quinze jours que je tremble. Déjà la dépendance dans laquelle je suis, me pèse lourdement ; je voudrais être à l’hôtel, aller au restaurant, au théâtre, me promener, faire ce que je veux, enfin !

Une après-midi, comme je rentre d’une promenade mélancolique à travers les rues, on m’annonce que je pars. Le « chef » à un sourire de pitié en me voyant manifester ma joie. Je n’ai plus, il est vrai, ma belle énergie de Berlin ; c’est que le milieu n’est plus le même.

Après de multiples précautions prises à la gare pour dépister les policiers, nous nous retrouvons, les Italiens et moi, dans un wagon de troisième avec un nouveau conducteur.

Je suis maintenant tout à fait rassurée. Le « chef », que je viens de quitter, m’a dit que je passerai la frontière dans les meilleures conditions Une voiture diplomatique jouissant de l’exterritorialité doit venir me prendre et j’aurai pour compagnon un attaché d’ambassade. Aucun policier n’osera demander ses papiers à la compagne du diplomate ; au cas tout à fait improbable où cela arriverait, je déclarerais les avoir perdus, je