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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/50

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mon voyage aventureux

route, nous annonce qu’un camarade a été tué là dans un récent passage.

Quoi tué ? dis-je dans mon mauvais allemand, mais je croyais que nous ne risquions qu’une arrestation ?

— Il y a là-bas un cordon de soldats et si on nous voit, on nous dire dessus.

— Diable !

Enfin, il faut passer. Je me rassure intérieurement en me disant que ces conducteurs tiennent à leur vie comme je tiens à la mienne. Ils s’arrangeront pour qu’on ne nous voie pas. D’ailleurs ce n’est pas facile de viser dans la nuit noire.

Aux villages la voiture prend le pas, pour repartir au galop lorsque les maisons sont dépassées. Nous allons toujours, voilà une grande heure que nous sommes partis, sans doute la frontière est loin. Mais un cycliste s’approche, il dit quelque chose au cocher ; probablement la route n’est pas libre, puisque nous tournons brusquement et allons à travers champs avec d’effroyables cahots qui nous jettent les uns sur les autres.

Bientôt on nous fait descendre. Le cocher siffle en sourdine ; deux hommes arrivent, venus d’on ne sait où, il nous remet à eux, nous les suivons.

Comme ils vont vite, je dois courir pour me mettre au pas, et dans la nuit noire c’est à peine si nous les distinguons. Sans doute nous sommes dans un champ labouré car il y a partout des