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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/99

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en russie communiste

et un papier violet qui atteste ma qualité de pensionnaire de la maison.

Je monte l’interminable escalier ; il y a bien un ascenseur, mais il est capricieux : en ce moment, le préposé m’a dit : « Nié Rabot », il ne travaille pas.

La chambre est confortable. Un lit de fer avec des draps blancs, une armoire à glace de style américain, un canapé, un lavabo, une chaise, un tapis. J’ouvre la double fenêtre et j’aperçois les quartiers périphériques de Moscou, portant des coupoles d’or surmontées de croix dorées aussi qui étincellent au soleil.

Enfin, je redeviens un être humain.

En bas, dans le salon de lecture des anarchistes, les seuls Français qui restent me reconnaissent : « Ah ! voilà Madeleine Pelletier. »

Mais quatre heures arrivent : il faut aller manger. Ma carte me donne le droit de m’asseoir à la table des « délégat », la mieux servie. Elle peut tenir une cinquantaine de personnes et elle se garnit entièrement plusieurs fois par repas ; l’Hôtel Luxe a de nombreux locataires. Il y a là des gens de toutes les nations du monde : Caucasiens aux cheveux et aux yeux très noirs, au teint basané. Ils portent des armes de toutes espèces : sabres, dagues, poignards, revolvers magnifiques rehaussés d’argent, parfois de pierres précieuses. Il y a aussi des Indiens, des Chinois, des Japo-