Page:Pelletier - Oeuvres diverses.pdf/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

des naissances, les classes dirigeantes la pratiquent largement. Les conseils que Malthus donnait aux pauvres dans le but de diminuer leur misère se sont trouvés être suivis par les riches pour intensifier leur bien être, pour débarrasser leur vie des devoirs encombrants.

Aujourd’hui qu’une hygiène plus savante nous rend presque maîtres de la fécondité, les familles nombreuses sont très rares dans les classes riches. Dans ces milieux beaucoup de ménages restent volontairement stériles. Ils redoutent l’enfant qui enchaîne à la maison ; les ménages féconds ont un ou deux rejetons, pas davantage. Les couples à nombreux enfants sont méprisés par leur entourage, leur fécondité est considérée comme une tare analogue à la malpropreté.

À la faveur de la réaction politique, quelques familles bourgeoises, le plus souvent très catholiques, ont cru devoir mettre leurs idées en pratique et procréer beaucoup d’enfants ; mais ce sont des cas isolés. Pour le grand nombre l’opinion quelle qu’elle soit n’est jamais assez forte pour influencer la pratique. On veut bien, en principe, une natalité élevée, mais on espère que les autres se chargeront de l’assurer. Pour soi, on veut avant toute chose le bien être et la liberté.

Les familles religieuses trouvent des accommodements avec le ciel. Un confesseur se garderait bien d’être sévère pour des gens qui le font vivre ; on se trouve une maladie ; qui n’est pas plus ou moins malade ? La grossesse menacerait la vie, or Dieu ne veut pas le suicide, il le défend au contraire.