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Page:Pelletier - Oeuvres diverses.pdf/30

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II


Les pauvres sont à peu près partout, très insuffisamment secourus. Les religions les magnifient en paroles ; elles leur promettent un tour de faveur à l’entrée du paradis. Mais dans les temples les sièges d’honneur sont aux fidèles opulents ; pour les pauvres on aménage des bancs crasseux humblement dissimulés près de la porte. L’Église flatte les riches qui la paient ; elle accable les pauvres de sa rudesse et de son mépris. Nulle plus qu’elle ne marque les classes sociales, elle dose son respect et sa bienveillance selon la fortune.

La religieuse que son ordre envoie porter au taudis du misérable quelque menue obole, ne fait rien pour l’arracher à la malpropreté dans laquelle il croupit. Elle est l’instrument d’une Église qui entend se servir du pauvre beaucoup plus que de le servir ; on lui apporte de quoi ne pas mourir tout à fait ; mais on entend bien que sa misère demeure.

La plupart des « œuvres » ne sont que des officines d’exploitation. On profite de la misère des « sans travail » pour les faire travailler à un taux dérisoire ; les orphelins sont mal nourris, mal soignés, privés d’instruction et accablés de travail ; des petites filles de cinq ans sont penchées sur des coutures grossières pour lesquelles on leur fixe une tâche.

Insouciant de l’avenir on néglige d’apprendre un métier à ces enfants qui seront un jour lâchés dans la vie.