Page:Pellissier-Art-ancien.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
20
INTRODUCTION — DU BEAU ET DE L’ART

les quatre grandes époques de la vie qu’on appelle : enfance, jeunesse, maturité, décadence. Cette classification naturelle prouve, à n’en pas douter, le caractère supérieur des beaux-arts ; car les progrès, la floraison et la décadence de l’art suivent la marche de la moralité dans la société humaine ; par exemple, Boucher et Watteau, comme Voltaire et Marivaux, donnent aux générations de la Régence et de Louis XV des œuvres d’art en harmonie avec la corruption croissante des âmes et des mœurs au XVIIIe siècle.

Chacune des transformations qui se sont accomplies dans les productions des artistes correspond à une modification du goût dont le souvenir mérite d’être fixé, parce que ces événements passés sont la leçon de l’avenir ; l’humanité prise dans son ensemble est comme un artiste dont la vie présente des alternatives de bien et de mal, révolutions très attachantes et très instructives.

Dans le détail, un intérêt d’ordre supérieur s’attache à la vie et aux travaux des hommes qui ont charmé l’imagination, touché la sensibilité, élevé les âmes par la création d’œuvres d’art telles que le Parthénon d’Ictinus, les Frises de Phidias, les Loges de Raphaël, le Moïse de Michel-Ange, le Don Juan de Mozart, les symphonies d’Haydn ou de Beethoven.

En conscience, ne serait-il pas plus heureux de connaître le nom et la vie de l’artiste qui a bâti le temple d’Éphèse plutôt que le nom du fou qui a brûlé ce monument ?

LA POÉSIE ET LA MUSIQUE

Les arts peuvent être légitimement classés d’après la puissance de leurs moyens d’expression. À ce point de vue, le