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CHAPITRE II

LE THÉÂTRE

Émile Augier et Alexandre Dumas, qui étaient, voilà quarante ans, les maîtres de notre théâtre, passaient pour des réalistes, et même leur réalisme scandalisait les contemporains. Voilà quinze ou vingt ans, une école nouvelle réagit contre ce que l’art dramatique, après Augier, après Dumas, avait encore de conventionnel et de factice.

On se rappelle peut-être comment finit le premier acte du Demi-Monde. « As-tu faim ? dit Olivier de Jalin à Hippolyte Richond. — Oh ! oui. — Eh bien, allons dîner. » Dans la Question d’argent, nous voyons Mme Durrieu vérifier les comptes de la semaine. « Boulanger, vingt francs... Boucher, quatre-vingt-dix francs... Épicier... » Il n’en fallait pas davantage, en ce temps-là, pour que la critique accusât l’auteur de trivialité. Quelques progrès que le réalisme ait pu faire de nos jours sur la scène, nous devons pourtant reconnaître qu’Augier et Dumas lui ouvrirent la voie. Aucune comédie d’Augier n’est d’un bout à l’autre réaliste, mais, dans plusieurs, les meilleures parties