Page:Pellissier - Le Mouvement littéraire contemporain, 1908.djvu/216

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Il ne faudrait pas sans doute abuser de ces constructions ; mais elles ont par elles-mêmes quelque chose d’indéterminé et de fuyant qui s’accorde bien avec le caractère de la poésie symboliste.


C’est surtout dans la versification que le symbolisme innova. Il s’affranchit de presque toutes les règles que notre poésie classique observait, et dont la plupart avaient été respectées par le romantisme. Il laissa au poète une liberté à peu près entière, soit pour le rythme et pour la rime, soit pour l’usage des mètres. Il inventa finalement une forme de vers, qui, chez beaucoup de symbolistes, se distingue à peine de la prose.

On peut dire que, depuis Malherbe, l’histoire de notre métrique en ce qui concerne le rythme, élément essentiel de la versification, se ramène à une sorte de conflit entre le principe de la symétrie, sur lequel toute versification se fonde, et le besoin, toujours croissant, de variété et d’expression. L’alexandrin, par exemple, qui est notre mètre fondamental, reçoit de Malherbe, pour ne pas remonter au delà, sa figure proprement classique. Et le type, une fois établi, tend presque aussitôt à s’altérer. Les poètes oratoires et didactiques, Corneille d’abord, puis Boileau, l’observent dans sa rigueur. Mais Racine et La Fontaine, dont la poésie est beaucoup moins rationnelle, en préparent déjà la déformation ; si bien que nous pouvons retrouver chez eux la trace première de toutes les nouveautés romantiques. À