Page:Pellissier - Le Mouvement littéraire contemporain, 1908.djvu/223

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compte, il faudrait revenir aux « équivoques » de Guillaume Crétin, et considérer comme le chef-d’œuvre de l’art un acrostiche en rimes batelées ou fratrisées. Si, quoi qu’il en soit, la rime riche convenait au Parnasse, notre poésie nouvelle, une poésie de choses voilées et furtives, devait en amortir le bruyant éclat. Les parnassiens traitaient Lamartine de méchant poète, tout simplement parce que ses vers n’étaient pas rimes avec assez d’exactitude. Mais, dans certains genres, dans les genres auxquels incline naturellement le symbolisme, une assonance discrète peut suffire.

Quand les romantiques disloquèrent l’alexandrin, ils compensèrent l’altération du rythme en enrichissant la rime. Aux yeux des symbolistes, la rupture de la symétrie rythmique et l’affaiblissement de la rime sont deux choses Hées entre elles. L’une et l’autre répondent également au caractère de la poésie moderne. Toutes deux se justifient par les mêmes raisons : les symbolistes relâchent la rime pour accorder leur métrique avec une poésie moins réaliste, et c’est aussi pour cela que, non contents d’admettre les discordances introduites avant eux dans le vers, ils doivent dégager le rythme des règles qui le rendent encore trop fixe et trop raide.

Seulement, nous nous acheminons de la sorte aux vers libres. Or, les vers libres ne sont plus des vers, car il y a cette unique différence entre les vers et la prose, que le rythme poétique observe certaines règles.

C’est M. Gustave Kahn qui passe généralement