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CHAPITRE V

L’HISTOIRE

Pendant la période romantique, l’histoire, telle que la concevaient les Chateaubriand, les Augustin Thierry, les Michelet, était un art plutôt qu’une science. Vers le milieu du siècle, elle subit, comme tous les genres littéraires, l’influence du réalisme, et tend, par suite, à devenir une science plutôt qu’un art. Elle réduit autant que possible la part de l’imagination et de la sensibilité ; elle renonce aux constructions systématiques. L’historien va de plus en plus s’imposer la loi d’effacer sa personne, de la soumettre à « l’objet », je veux dire aux textes, aux documents. Il tirera de ces documents et de ces textes tout ce qu’ils contiennent, sans rien y ajouter ; et son œuvre, fixée par les sciences auxiliaires qui ont fait en notre temps des progrès si rapides, l’ethnographie, l’épigraphie, la diplomatique, l’archéologie, la philologie, sera elle-même celle d’un savant, uniquement attentif à l’exactitude, dépourvu d’ambition et de prétention « littéraires », n’ayant