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RELIGION

deviens bien faible, mais mon zèle devient tous les jours plus fort. » À d’Alembert, Le 13 novembre 1772 : « Je deviens plus insolent à mesure que j’avance en âge. »

Jamais le ton de sa correspondance avec « les frères » ne fut si vif et si passionné. Lettre à Helvétius, du 2 janvier 1761 : « Il faut hardiment chasser aux bêtes puantes. » Lettre à d’Argental, du 3 octobre de la même année : « Ah ! barbares, ah ! chiens de chrétiens,… que je vous déteste ! » Lettre à d’Alembert, de février 1762 : « Si j’ai lu la belle jurisprudence de l’inquisition[1] ! Eh ! oui, mordieu, je l’ai lue, et elle a fait sur moi la même impression que fit le corps sanglant de César sur les Romains. Les hommes ne méritent pas de vivre puisqu’il y a encore du bois et du feu, et qu’on ne s’en sert pas pour brûler ces monstres dans leurs infâmes repaires » (LX, 174). Lettre à Damilaville, du 15 mars 1765 : « M. d’Argental doit recevoir dans quelques jours deux paquets de mort-aux-rats[2] qui pourront donner la colique à l’inf… »

En même temps Voltaire encourage ses amis ou les gourmande. Il écrit à d’Alembert, le 12 juillet 1762 : « Jean Meslier doit convertir la terre. Pourquoi son évangile[3] est-il en si peu de mains ? Que vous êtes tièdes à Paris ! Vous laissez la lumière sous le boisseau. » À Damilaville, le 12 octobre 1764 : « Chacun de son côté combat le monstre de la superstition fanatique ; les uns lui mordent les oreilles, d’autres le ventre, et quelques-uns aboient de loin. Je vous

  1. Le Manuel des Inquisiteurs, par Morellet.
  2. Il s’agit de brochures anticatholiques.
  3. L’Extrait des Sentiments de Jean Meslier.