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VOLTAIRE PHILOSOPHE

valent pas une bonne action » (Dict. phil., Philosophe, XXXI, 410). « Il serait ridicule de penser qu’on n’eût pu remplir ses devoirs avant que Mahomet [ou Jésus-Christ] fût venu au monde » (Ibid., Nécessaire, XXXI, 272). Les seuls dogmes nécessaires sont ceux que reconnaît l’humanité universelle[1], ce sont les prescriptions de la loi morale, par laquelle Dieu, notre père commun, s’est révélé à toutes ses créatures raisonnables[2].

Un autre grief de Voltaire contre la religion catholique, c’est qu’elle professe le mépris de l’homme. Sans doute, elle le relève après l’avoir avili ; mais elle ne le relève que par la grâce de Dieu, en vertu d’une théologie à laquelle répugne notre conscience. Or Voltaire, comme les autres philosophes du xviiie siècle, en a une meilleure idée ; et, dès ses premiers écrits, il réfute sur ce point les exagérations des moralistes chrétiens. Dans les Remarques sur les Pensées (1728), il reproche surtout à Pascal de montrer l’humanité sous un jour odieux. Et, par là, il n’attaque pas seulement Pascal et le jansénisme, il attaque le catholicisme lui-même, dont l’auteur des Pensées ne faisait qu’exprimer la doctrine[3].

    tants sur leurs idées creuses, mais uniquement sur leurs actions : car telle est notre justice » (XXVIII, 440 sqq.). — Cf. encore Entretiens chinois, XLIV, 78.

  1. Lettre à Mme du Deffand, 12 mars 1766 ; Lettre à Voyer d’Argenson, 6 nov. 1770.
  2. La morale uniforme eu tout temps, en tout lieu.
    À des siècles sans fin parle au nom de ce Dieu.

    (Loi naturelle, XII, 159.)
  3. XXXVII, 37. — Cf. Lettre à Cideville, 1er juill. 1733 : « Ce misanthrope chrétien, tout sublime qu’il est, n’est pour moi qu’un homme comme un autre quand il a tort… Ce n’est pas contre l’auteur des Provinciales que j’écris, c’est contre l’auteur