Page:Pellissier - Voltaire philosophe, 1908.djvu/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
141
RELIGION

Examen et Discussion des Diables de Loudun, légitime le meurtre d’Urbain Grandier[1]. En 1758, l’abbé de Caveyrac, dans l’Apologie de Louis XIV et de son Conseil, justifie la révocation de l’édit de Nantes, la Saint-Barthélemy, les cruautés exercées contre les Albigeois, le supplice de Jean Huss, celui de Jérôme de Prague[2]. En 1762, l’abbé de Malvaut fait paraître l’Accord de la Religion et de l’Humanité (c’est une faute de l’imprimeur, dit Voltaire ; lisez : de l’inhumanité), où, protestant qu’on ne doit pas sacrifier une nation tout entière à quelques hérétiques, il conseille, soit de les pendre, soit de les envoyer sur les galères du roi ; selon lui, la révocation de l’édit de Nantes n’a pas eu pour la France autant d’inconvénients que certains le prétendent, et l’extermination des religionnaires n’affaiblirait pas plus le royaume qu’une saignée n’affaiblit un malade bien constitué[3].

En même temps, l’intolérance fait toujours de nouvelles victimes. Parlerons-nous de Calas, de Sirven, de La Barre ? Beaucoup d’autres exemples contemporains, s’ils sont moins notoires, ne sont pas moins odieux.

En 1730, la moitié du parlement de Provence condamna au feu le jésuite Girard pour avoir insufflé dans la bouche d’une fille, nommée la Cadière, un démon d’impureté[4]. En 1760, la justice sacerdotale de l’évêque de Wurtzbourg prononça la même peine contre une religieuse accusée de sorcellerie[5]. Diderot

  1. Avis sur les Calas et les Sirven, XLII, 396.
  2. Conclusion et Examen du Tableau historique, XLI, 28.
  3. Traité sur la Tolérance, XLI, 369 sqq.
  4. Dict. phil., Contradiction, XXVIII, 197 ; Prix de la Justice, etc., L, 278.
  5. Dict. phil., Arrêts notables, XXVII, 58, Bekker, id., 322.