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RELIGION

Dans l’article Messie du Dictionnaire philosophique et dans l’Examen important, il suit le Sepher Toldos Jeschut[1]. Qu’est-ce donc que ce prétendu fils de Dieu ? Une nommée Mirja, épouse d’un certain Jocanam, se laissa séduire par un soldat du voisinage qui la rendit mère. Confus et désespéré, Jocanam quitta le pays pour ne plus y revenir. Le fils de Mirja, Jésu ou Jeschut, fut déclaré bâtard par le juge. Arrivé à l’âge de suivre l’école publique, il s’y plaça parmi les enfants légitimes et en fut exclu : de là son animosité contre les prêtres, qu’il ne cessa d’injurier et de calomnier. Un jour, il se prit de querelle avec un autre Juif, appelé Judas, sur quelque affaire d’intérêt matériel ou sur certains points de doctrine religieuse. Judas le dénonça au sanhédrin. Arrêté, il demanda pardon et pleura. Mais le tribunal ne l’en condamna pas moins ; il fut fouetté, puis lapidé, enfin pendu. Voilà l’histoire authentique de Jésus-Christ. Cette histoire, à laquelle s’ajoutèrent par la suite des fables insipides et grotesques, est du reste très conforme à ce qui se passe tous les jours sous nos yeux[2].

Quant à ses miracles, ils suffiraient pour le couvrir de ridicule. Envoyer des diables dans les corps de deux mille cochons, dire la bonne aventure à une Samaritaine, guérir un muet en lui palpant la langue, sécher un figuier qui ne porte pas de fruits avant la saison, quoi de plus impertinent ou de plus absurde[3] ?

  1. Lorsque, dans cet article Messie, il taxe, le Sepher Toldos Jeschut de livre extravagant et odieux, ce n’est là qu’une précaution ; et il ne la prend même plus dans l’Examen important, où il répète à peu près le même récit.
  2. Examen important, XLIII, 84, 85.
  3. Dict. phil., Miracle, XXXI, 220 sqq. ; Extrait des Senti-