cratie, révoque les magistrats selon son bon plaisir[1], il soutient que le roi de France lui-même doit préalablement « leur faire leur procès », et refuse au souverain « le droit de casser un magistrat par caprice » aussi bien que celui d’« emprisonner un citoyen par fantaisie » (Idées républicaines, XL, 578, 579).
Si Voltaire, sous ces réserves, est partisan de la monarchie absolue en France, il admire pourtant la monarchie constitutionnelle et représentative des Anglais. Bien avant Montesquieu, il en expliqua le mécanisme et la proposa comme un modèle de gouvernement. Dans La Henriade tout d’abord :
Aux murs de Westminster on voit paraître ensemble
Trois pouvoirs étonnés du nœud qui les rassemble :
Les députés du peuple, et les grands, et le roi,
Divisés d’intérêts, réunis par la loi…
Heureux lorsque le peuple, instruit dans son devoir,
Respecte autant qu’il doit le souverain pouvoir !
Plus heureux lorsqu’un roi doux, juste et politique
Respecte autant qu’il doit la liberté publique.
Puis, dans la huitième des Lettres philosophiques, intitulée Sur le Parlement : « La nation anglaise est la seule de la terre qui soit parvenue à régler le pouvoir des rois en leur résistant, et qui, d’efforts en efforts, ait enfin établi ce gouvernement sage où le prince, tout-puissant pour faire du bien, a les mains liées pour faire du mal, où les seigneurs sont grands sans insolence et sans vassaux, et où le peuple partage le gouvernement. La chambre des pairs et celle des communes sont les arbitres de la
- ↑ Contrat social, III, xviii.