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POLITIQUE

quelques lignes dans lesquelles il affirme et revendique ces droits. « Plus mes compatriotes, déclare-t-il, chercheront la vérité, plus ils aimeront leur liberté. La même force d’esprit qui nous conduit au vrai nous rend bons citoyens. Qu’est-ce en effet que d’être libres ? c’est raisonner juste, c’est connaître les droits de l’homme ; et, quand on les connaît bien, on les défend de même » (Questions sur les Miracles, XLII, 232). Les principaux droits de l’homme sont la liberté de la personne, la liberté de penser et d’imprimer, la liberté de conscience, l’égalité devant la loi : voyons maintenant ce que Voltaire en dit.

Rien, chez les Anglais, ne lui paraît plus louable que les lois par lesquelles la personne de tout citoyen, fût-ce le dernier des manœuvres, est protégée contre l’arbitraire. Aussi flétrit-il l’usage, si fréquent en France, des lettres de cachet. Dans l’article Arrêts notables du Dictionnaire philosophique, il demande[1] qu’on poste un crieur public devant les ministères pour dire à tous ceux qui sollicitent une arrestation : « Messieurs, craignez de séduire le ministre par de faux exposés et d’abuser du nom du roi. » Puis, célébrant les deux avocats Elie de Beaumont et Target, grâce auxquels le persécuteur de la comtesse de Lancize, incarcérée sans forme de procès, avait été sévèrement puni : « Quand les tribunaux, dit-il, rendent de tels arrêts, on entend des battements de mains du fond de la grand’chambre aux portes de Paris » (XXVII, 59, 61). Mais Voltaire ne se contente pas

  1. En racontant l’histoire d’un certain Castille, emprisonné comme « déserteur » à la requête du révérend père procureur de Clairvaux, sous prétexte que, trente années auparavant, il avait fait son noviciat dans l’abbaye d’Orval.