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VOLTAIRE PHILOSOPHE

son histoire. David ramasse d’abord six cents vagabonds, et, à leur tête, pille ou tue ses compatriotes ; il ravit le trône à Isboseth par traîtrise, il dépouille et massacre Méphiboseth, petit-fils de Saül, il livre aux Gabaonites cinq autres petits-enfants et deux enfants du même prince, il assassine Urie pour lui enlever Bethsabée, il fait périr par un supplice horrible les enfants de sa première femme ; enfin, « cet homme selon le cœur de Dieu » ne prend jamais une ville sans passer au fil de l’épée tous les habitants[1]. Tel est l’ancêtre de Jésus-Christ ; un monstre de perfidie et de férocité.

Les arguments de ce genre ne touchent pas au christianisme en lui-même. Parmi ceux que Voltaire allègue directement contre la religion chrétienne, un des principaux consiste à montrer que les autres religions la valent bien, entre autres le polythéisme et l’islamisme.

On taxe les Grecs d’idolâtres : mais si la populace, chez eux, adorait les statues, n’en est-il pas de même chez nous ? et, quant aux honnêtes gens, ils adoraient la divinité, non l’image[2]. On allègue leurs trente mille dieux : mais ils reconnaissaient un Dieu suprême ; et, du reste, les Génies inférieurs qu’ils admettaient au gouvernement du monde ont beaucoup de ressem-

  1. Cf. Dict. phil., David, XXVIII, 293 sqq., Philosophe, XXXI, 397 ; Examen important, XLIII, 71 sqq.; Fragm. sur l’Hist. générale, XLVII, 539 sqq. ; la Bible enfin expliquée, XLIX, 271 sqq. ; etc. — Cf. encore la pièce intitulée Saül (VII, 325 sqq.) dont Voltaire dit à Mme du Deffand : « Avez-vous jamais lu, madame, la tragédie de Saül et David ? On l’a jouée devant un grand roi ; on y frémissait et on y pâmait de rire, car tout y est pris mot pour mot de la Sainte Écriture. » (Lettre du 7 août 1769.)
  2. Dict. phil., Idole, XXX, 279 sqq.