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RELIGION

prompte diffusion de la religion chrétienne s’explique aisément, selon Voltaire, par des causes naturelles : les vertus de Jésus-Christ, ses souffrances elles-mêmes et sa mort ; les aspirations de l’humanité contemporaine vers le merveilleux, si puissant alors sur les âmes, qu’on ne vit jamais tant de thaumaturges ; enfin l’annonce d’un prochain royaume des cieux pour les déshérités de la terre[1].

Aussi bien la religion chrétienne emprunta ses dogmes et ses rites à la Grèce, à l’Égypte, voire à l’Inde ; et ce ne fut pas là une des moindres causes de son succès[2]. Toute sa théologie, elle la reçut en réalité des platoniciens. « Le platonisme fut cette force étrangère qui, appliquée à la secte naissante, lui donna de la consistance et de l’activité… C’est dans Alexandrie, devenue le centre des sciences, que les chrétiens devinrent des théologiens raisonneurs ; et c’est ce qui releva la bassesse qu’on reprochait à leur origine… C’est là que commence réellement cette religion. C’est là que le Verbe fut connu des chrétiens, c’est là que Jésus fut appelé le Verbe. Toute la vie de Jésus-Christ devint une allégorie », etc. (Dieu et les Hommes, XLVI, 241, 242, 246 sqq,). Ayant pour mère la religion juive, le christianisme a

  1. Dict. phil., Christianisme, XXVIII, 52 sqq. ; Dieu et les Hommes, XLVI, 235 sqq. ; Hist. de l’établiss. du Christianisme, L, 407 sqq.; etc.
  2. Voltaire écrivit sa pièce d’Olympie pour montrer la conformité des mystères et des rites païens avec ceux du christianisme. Cf. Lettre à Damilaville, 8 mars 1762 : « On a voulu mettre au théâtre la religion des prétendus païens, faire voir dans des notes que notre sainte religion a tout pris de l’ancienne », etc. Cf. encore Lettre à d’Alembert, 25 févr. 1762, et Lettre à d’Argental, 13 juill. 1763.