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Page:Pellisson - Chamfort, 1895.djvu/21

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poser : son père, comme le rapporte la tradition locale, serait bien le chanoine Nicolas, qui, parent sans doute de l’épicier, son homonyme, aurait obtenu de Thérèse Croiset qu’elle se chargeât de l’enfant. Celle-ci devint et resta pour Chamfort une mère adoptive, lui confia le mystère de son origine, et comme il portait au collège le nom de Nicolas, comme on ne lui connut d’autre famille que celle du petit marchand de Clermont, quand il réclama son baptistaire, on lui adressa un acte qui semblait le concerner et appartenait à un autre enfant.

Un autre acte relevé encore sur les registres de la paroisse Saint-Genest donne à cette conjecture bien de la vraisemblance : « Ce vingt-deuxième juin mil sept cent quarante a été baptisé Sébastien-Roch, né le même jour sur cette paroisse, de parents inconnus[1] ». Voilà un enfant naturel, né sur la paroisse des époux Nicolas, qui porte les mêmes prénoms que Chamfort. N’est ce point là le baptistaire qui lui convient ? À vrai dire, on n’y retrouve pas les indications de lieu et de date qu’il fournit lui-même au notaire Margantin ; mais il tint sans doute ces renseignements de Thérèse Croiset, déjà fort vieille en 1782, à qui la mémoire put faire défaut, et qui, d’ailleurs, en matière de dates, ne se piquait pas d’exactitude ; elle se rajeunit de treize ans dans son acte de mariage.

Si cette question de l’origine de Chamfort nous arrête si longtemps, c’est que, comme l’a compris

  1. Ce baptistaire et l’acte de mariage de Thérèse Croiset m’ont été communiqués par M. Gasquet.