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Page:Pellisson - Chamfort, 1895.djvu/249

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appelle « les jurandes littéraires ». Et c’est surtout contre l’Académie française, « dont, dit-il, la constitution est plus connue, plus simple, plus facile à saisir », qu’il dirigea son effort[1].

Dans ce discours, il y a deux parties bien distinctes : l’une écrite sur le ton du pamphlet (ce qui permettait à Mirabeau de dire que Chamfort avait composé une Lucianide), a pour objet de démontrer que l’Académie est inutile, et de déverser sur elle le ridicule. Dans ces premières pages, Chamfort n’a guère fait que reprendre et grouper en faisceau les griefs dès longtemps élevés contre cette institution : mauvais choix, exclusions iniques, lenteur apportée à la confection du dictionnaire, puérilité des concours et des prix d’éloquence et de poésie, ridicule des harangues de réception, etc. — Tout cela semble un peu rebattu et il faut bien reconnaître que Chamfort, quoi qu’en dise Mirabeau, n’a pas toujours retrouvé l’esprit de Lucien pour relever par le piquant des détails ce que le fond de ce réquisitoire offre d’un peu banal. Ses traits ne sont pas toujours bien aiguisés et surtout ne portent pas toujours juste. On dirait qu’il n’a écrit ces pages que par manière d’acquit et pour amuser la galerie, qu’il lance ses flèches d’une main distraite, peu soucieux de faire une plaie profonde. Lui-même, d’ailleurs, n’avait-il pas dit en parlant des corps (académies, parlements), que le ridicule glisse sur eux « comme les balles de fusil sur un sanglier, sur un crocodile » ? — Mais il

  1. Le Discours sur les Académies est au tome I de l’Édition Auguis.