Aller au contenu

Page:Pellisson - Chamfort, 1895.djvu/267

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans le jargon des encyclopédistes. Où trouve-t-on dans ces pages rien qui sente le laisser-aller du grand seigneur ? Où voit-on là un style d’homme de qualité, c’est-à-dire d’un homme qui écrit « bien, pas trop bien pourtant, non comme un homme de lettres, qui doit y regarder, qui tâche, mais en homme comme il faut, qui fait bien tout, naturellement, cela comme le reste, sans prétention qui a de l’esprit, il est vrai, du talent même, si l’on veut, mais qui en serait dispensé, et dans le fond n’est tenu à rien »[1] ? Les négligences du Rapport ne me paraissent point avoir l’allure patricienne ; en tout cas, elles ne peuvent, je crois, suffire à rendre vraisemblable que Talleyrand ait pris la peine, contre ses habitudes bien connues, de rédiger tout au long un document de cette étendue sur un sujet pour lui peu familier, alors que les affaires financières et ecclésiastiques, alors que les intrigues parlementaires lui donnaient d’ailleurs tant de soins et d’occupations.

Combien d’apparences au contraire en faveur de Chamfort ! Puisqu’on sait, à n’en pas douter, qu’il fut souvent le coloriste de l’évêque d’Autun, en quelle occasion pouvait-il mieux lui rendre cet office ? Ne semble-t-il pas qu’il dut être tenté de s’offrir de lui-même à traiter cette question de l’éducation nationale dont il s’inquiétait si fort ? Il était lié avec Condorcet, qui préludait alors au Rapport qu’il présenta à la Législative par cinq mémoires sur l’Instruction insérés dans la Bibliothèque

  1. Ed. Auguis, III, 237.