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Page:Pellisson - Chamfort, 1895.djvu/287

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circonstances ; je serai son accusateur… Au nom de la République, point de demi-mesures ; rendez à la poussière ces êtres faits pour y être, et donnez aux patriotes la satisfaction de voir leurs ennemis dans une nullité absolue[1]. »

Chamfort, averti de ces menées, songea moins à se défendre lui-même qu’à protéger son personnel. « J’allai, dit-il, l’un des premiers jours d’août au comité de surveillance de notre section (celle de 1792), sur les premiers bruits vagues qu’on cherchait à répandre contre la Bibliothèque. Là, j’ai déposé sur le bureau un écrit dans lequel je demande que tous et chacun de ses membres soient examinés sur leurs actions, sur leurs principes et leurs sentiments[2]. » Mais déjà la dénonciation avait fait son chemin, et, à la fin d’août ou dans les premiers jours de septembre, tous ceux qu’avait désignés Tobiesen Duby furent incarcérés aux Madelonnettes. On ne les y retint pas longtemps, peut-être parce qu’on ne jugea pas suffisantes les charges élevées contre eux, plutôt parce que la prison était devenue trop étroite. Leur libération d’ailleurs n’était pas définitive ils restaient soumis à la surveillance d’un gendarme, qu’ils devaient loger, nourrir et qui demeurait près d’eux en permanence.

Il y avait là de quoi engager Chamfort à devenir prudent ; mais il ne sut pas et sans doute ne voulut pas l’être. La calomnie, avait-il dit, est comme la guêpe qui vous importune et contre laquelle il ne

  1. Ces citations sont extraites de pièces des Archives nationales.
  2. Ed. Auguis, V, 332.