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Page:Pellisson - Chamfort, 1895.djvu/293

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CONCLUSION


Nous avons essayé de faire connaître la vie et les écrits de Chamfort. À la fin de notre travail, nous souhaiterions pouvoir nettement marquer quelle est, en définitive, la valeur de son caractère et la portée de son œuvre.

« Si Chamfort, a dit Rœderer, ne passait rien aux autres, il ne se passait rien non plus à lui-même. » Ce mot juge l’homme. Il eut un idéal moral et voulut que sa conduite en fût l’expression. Probité, dignité, indépendance : voilà les termes du programme qu’il se traça à une époque, dans un milieu où dominaient l’intrigue et la servilité. Les nécessités et les hasards de la vie le placèrent parfois dans des situations qui étaient en contraste avec ses principes ; mais, quoi qu’en aient dit ses ennemis, il ne fit rien qui fût en contradiction avec eux. On a noté dans son caractère des petitesses et des travers : crainte exagérée du ridicule, défiance ombrageuse, morosité outrée, causticité amère. Nous ne l’en défendrons pas : mais serait-on bienvenu de ne pas l’en absoudre, lorsqu’on songe qu’on ne peut lui reprocher ni une platitude, ni une per-