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Page:Pellisson - Chamfort, 1895.djvu/74

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préméditation malicieuse, l’importance du prix à gagner avait de quoi le décider, et aussi l’éclat exceptionnel qui devait s’attacher à la victoire remportée dans ces circonstances. La libéralité de Necker faisait beaucoup de bruit : il se trouva des poètes pour la célébrer sur le mode lyrique, et François de Neufchâteau termine une ode, qui fut insérée à la suite des Éloges publiés par les soins de l’Académie, par les deux strophes suivantes :


Mais pourquoi te cacher à la France incertaine,
Ô toi, noble étranger, toi, qui de La Fontaine
Par un culte si pur honores les succès !
Pourquoi nous dérober sous d’épaisses ténèbres,
Et NAmant des noms célèbres,
Le nom du bienfaiteur du Parnasse français !

Une divinité dans Athène ignorée,
Dans Athène, dit-on, fut jadis adorée ;
Nous suivrons cet exemple, ô généreux mortel,
Et nos muses qu’enchaîne une loi trop austère,
Et NRespectant ce mystère,
Au Mécène inconnu dresseront un autel[1] !


Ajoutons qu’entre les Académies de province, l’Académie de Marseille tenait, et avec une grande avance, le premier rang. Elle avait pour protecteur François-Joachim de Pierre de Bernis, archevêque d’Albi ; et si ses membres actifs ne lui apportaient que des cotisations et non de l’éclat, en revanche elle comptait parmi ses associés régnicoles des personnages connus, comme Nicolaï, Le Franc de Pompignan, d’Ansse de Villoison, Chabanon, Gaillard, de Rochefort, Elie-Catherine Fréron

  1. Recueil de l’Académie des Belles-Lettres, Sciences et Arts de Marseille pour 1774 (Marseille, Ant. Favet, 1774).