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Page:Pellisson - Chamfort, 1895.djvu/77

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dans la société des Choiseul (Mme la duchesse, nous l’avons vu, lui devait un de ses triomphes d’actrice), il va y prendre pied tout à fait. Pendant l’été de 1774, enrichi par le prix de l’Académie de Marseille, il se rendit aux Pyrénées pour y faire une cure. À Barèges, il rencontra Mme de Choiseul-Gouffier, Mme de Grammont, d’autres encore, et, comme il était plutôt convalescent que malade, il sut plaire beaucoup. Mlle de Lespinasse, sur un ton de douce raillerie, en témoigne très expressément : « Il (Chamfort) revient des eaux en bonne santé, beaucoup plus riche de gloire et de richesse, et en fonds de quatre amies qui l’aiment, chacune d’elles comme quatre ce sont Mmes de Grammont, de Roncé, d’Amblimont et la comtesse de Choiseul. Cet assortiment est presque aussi bigarré que l’habit d’Arlequin ; mais cela n’en est que plus piquant, plus agréable et plus charmant. Aussi je vous réponds que M. de Chamfort est un jeune homme bien content et il fait de son mieux pour être modeste. » (25 octobre 1774.) Et à ce moment en effet Chamfort, après les heures pénibles de maladie et de détresse qu’il venait de passer, éprouvait un contentement véritable. Ses quatre amies y contribuaient sans doute, mais à son âme déjà sérieuse il fallait d’autres motifs. Heureusement ils ne lui manquaient pas.

« J’ai toutes sortes de raisons, écrit-il à Mme Saurin, d’être enchanté de mon voyage de Barèges. Il semble qu’il devait être la fin de toutes les contradictions que j’ai éprouvées, et que toutes les circonstances se sont réunies pour dissiper ce fond de mélancolie qui se repro-