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Page:Pellisson - Chamfort, 1895.djvu/83

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déclarée. « On fait courir dans Paris les propres paroles de cette princesse aimable dont l’affabilité ajoute encore un nouveau prix à ses bienfaits ; elles méritent d’être conservées, et je vais les rapporter telles qu’on me les a envoyées : M. de Chamfort, au plaisir que m’a procuré la représentation de votre pièce, j’ai voulu joindre celui de vous annoncer que le Roi, pour encourager vos talents et récompenser vos succès, vous a fait une pension de 1,200 livres sur les Menus. — Et, au remerciment de M. de Chamfort, la reine a ajouté : Je vous demande pour remercîment de faire représenter vos pièces à Versailles[1]. » Ces paroles, quoi qu’en dise le rédacteur de l’Année littéraire, ne méritent peut-être pas d’être conservées : mais il est certain qu’elles sont gracieuses, et l’on comprend que Chamfort ait répondu à celui qui lui demandait de redire les choses flatteuses qu’il avait entendues de la bouche de la reine : « Je ne pourrai jamais ni les oublier, ni les répéter ». Chamfort était passé poète de cour. Il recevait plus que de douces paroles ; le roi lui donnait une pension extraordinaire de 1,200 livres sur les Menus Plaisirs, et le prince de Condé l’appointait à cent louis pour qu’il devint secrétaire de ses commandements. Les courtisans, à l’ordinaire, se mirent à renchérir sur les applaudissements et les éloges que Chamfort avait reçus des souverains. « Les courtisans, dit Collé, l’exaltèrent, que c’était une bénédiction ! Corneille et Racine devaient

  1. Année littéraire, 1766, tome V.