Page:Peluso – Souvenirs sur Jack London, paru dans Commune, 1934.djvu/14

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également que cette fuite ne constituait pas une solution du problème de la lutte des classes. L’exemple héroïque du prolétariat russe lui indiqua l’unique voie à suivre, le seul moyen d’arriver à l’émancipation sociale et par suite à l’émancipation individuelle de chaque opprimé ; cette voie réside uniquement dans la révolte collective armée du prolétariat, sous la direction d’un parti aguerri, expérimenté et trempé dans la lutte.

Dès ce moment, Jack London se dédie tout entier au roman social. Dans les « discussions marxistes  » qui ont lieu chez lui le soir, il écoute, dirige et tire les conclusions des débats souvent passionnés. La meilleure de ses œuvres, le Talon de Fer naît comme inspirée par le souffle révolutionnaire russe qui agite alors le monde d’un bout à l’autre.

En Amérique aussi s’ouvrait une nouvelle période historique : la concentration du capital s’opérait rapidement à l’ombre de l’impérialisme yankee. Parallèlement, la masse travailleuse dont l’exploitation s’intensifiait, et la petite bourgeoisie alarmée de la puissance toujours plus intolérable de la ploutocratie, tentaient d’endiguer son expansion. Le socialisme américain faisait sa première timide apparition sur les côtes du Pacifique. Une campagne de grand style dans les journaux et dans les revues commença contre le capital financier américain. Des éditeurs entreprenants ouvraient les colonnes de leurs magazines aux « révélations » sur la fabuleuse accumulation des Trusts. On « enquêtait » aussi sur l’origine des grandes fortunes américaines. De toute la grande masse travailleuse américaine, seule la couche aristocratique des ouvriers qualifiés, cristallisée dans l’American Fédération of Labor trouvait des avantages immédiats dans la situation créée par l’essor économique. Aussi bien la trahison des chefs de l’A. F. L. devint ouvertement impudente. Ils se vendirent au Talon de Fer, s’enrôlèrent dans sa milice (comme John Mitchell) ou bien grâce à ses subsides devinrent rapidement millionnaires.

Jack London voit 1905 à travers le verre grossissant américain. Il transporte les Enseignements de 1905 sur le sol américain. Il ne fait qu’y ajouter la sauvagerie dont est capable la bourgeoisie américaine pour la défense de ses intérêts de classe. Il met bien en évidence dans son œuvre