Page:Pensées de Gustave Flaubert 1915.djvu/105

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porte après tout s’il n’y a que là qu’on puisse vivre ! S’il n’y a qu’à cela qu’on puisse penser sans dédain et sans pitié !

La patrie est peut-être comme la famille, on n’en sent bien le prix que lorsqu’on n’en a plus.

A mesure que je me détache des artistes, je m’enthousiasme davantage pour l’art ; la mer paraît immense vue du rivage, montez sur le sommet des montagnes, la voilà plus grande encore ; embarquez-vous dessus, tout disparaît, des flots, des flots.

Le génie n’est pas rare maintenant, mais ce que personne n’a plus et ce qu’il faut tâcher d’avoir, c’est la conscience.

Ce qui nous manque à tous, ce n’est pas le style ni cette flexibilité de l’archet et des doigts désignée sous le nom de talent. Nous avons un orchestre nombreux, une palette riche, des ressources variées. En fait de ruses et de ficelles,