Page:Pensées de Gustave Flaubert 1915.djvu/89

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que tous les saint Vincent de Paul du monde. Et la politique sera une éternelle niaiserie tant qu’elle ne sera pas une dépendance de la science.

On se paie de mots dans cette question de l’immortalité, car la question est de savoir si le moi persiste. L’affirmative me paraît une outrecuidance de notre orgueil, une protestation de notre faiblesse contre l’ordre éternel. La mort n’a peut-être pas plus de secrets à nous révéler que la vie ?

Ce ne sont pas en effet les grands malheurs qui sont à craindre dans la vie, mais les petits, j’ai plus peur de piqûres d’épingles que de coups de sabre, de même on n’a pas besoin à toute heure de dévouements et de sacrifices, mais il nous faut toujours de la part d’autrui des semblants d’amitié et d’affection, des attentions et des manières.

Le paysan, qui est plat comme une punaise par amour de son bien, se transforme en bête féroce dès qu’il a perdu sa vache.