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M. PASCAL.

ment ſa nature.

Je ne me ſerviray pas, pour vous convaincre de ſon exiſtence, de la foy par laquelle nous la connoiſſons certainement, ny de toutes les autres preuves que nous en avons, puiſque vous ne les voulez pas recevoir. Je ne veux agir avec vous que par vos principes meſmes ; & je prétends vous faire voir par la maniere dont vous raiſonnez tous les jours ſur les choſes de la moindre conſequence, de quelle ſorte vous devez raiſonner en celle-cy, & quel party vous devez prendre dans la déciſion de cette importante queſtion de l’exiſtence de Dieu. Vous dittes donc que nous ſommes incapables de connoiſtre s’il y a un Dieu. Cependant il eſt certain que Dieu eſt, ou qu’il n’eſt pas ; il n’y a point de milieu. Mais de quel coſté pancherons nous ? La raiſon, dites vous, n’y peut rien déterminer. Il y a un cahos infiny qui nous ſépare. Il ſe joüe un jeu à cette diſtance infinie, où il arrivera croix ou pile. Que gagerez vous ? Par raiſon vous ne