Page:Pensées de M. Pascal sur la religion, et sur quelques autres sujets, 1669.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
72
PENSÉES DE

IX.

Injuſtice, & corruption de l’homme



LHomme eſt viſiblement fait pour penſer, c’eſt toute ſa dignité, & tout ſon merite. Tout ſon devoir eſt de penſer comme il faut ; & l’ordre de la penſée eſt de commencer par ſoy, par ſon autheur, & ſa fin. Cependant à quoy penſe-t’on dans le monde ? Jamais à cela ; mais à ſe divertir, à devenir riche, à aquerir de la reputation, à ſe faire Roy, ſans penſer à ce que c’eſt que d’eſtre Roy, & d’eſtre homme.

§ La penſée de l’homme eſt une choſe admirable par ſa nature. Il falloit qu’elle euſt d’étranges défauts pour eſtre mépriſable. Mais elle en a de tels que rien n’eſt plus ridicule. Qu’elle eſt grande par ſa nature ! Qu’elle eſt baſſe par ſes défauts !

§ S’il y a un Dieu il ne faut aymer

que